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Présentation

Lancé en juin 2022, le Centre Interdisciplinaire d’études européennes vise à promouvoir les études européennes à l’Ecole normale supérieure et plus largement dans PSL, que ce soit par l’enseignement ou par la recherche. Dans un cadre parisien où les études européennes sont déjà bien représentées et brillamment illustrées, il s’agit de proposer, en s’appuyant sur le foisonnement pédagogique et intellectuel foncièrement pluridisciplinaire de l’ENS et de PSL, une autre manière de faire des études européennes, une autre manière de raconter le passé de notre continent, une autre manière de penser son présent et d’autres voies pour préfigurer et préparer son avenir.

L’enjeu est tout d’abord de proposer une définition intellectuelle et une mise en œuvre pratique des études européennes plus larges que ce que proposent actuellement les formations et les centres d’étude parisiens dans ce domaine. Au-delà de la triade classique économie/science politique/droit, qui organise d’un point de vue disciplinaire ces formations, au-delà de la définition un peu restreinte de l’Europe, réduit à l’Union européenne, qui y a le plus souvent cours, au-delà d’une périodisation le plus souvent cantonnée aux huit décennies qui nous séparent de la Seconde guerre mondiale, il s’agit de proposer une définition très large des études européennes, à la fois du point de vue disciplinaire (de la littérature à l’économie en passant par l’histoire, l’anthropologie, la science politique, l’histoire de l’art, les géosciences, les sciences de l’environnement, le droit, la géographie, les sciences de l’Antiquité), du point de vue chronologique (penser sur le temps long les diverses formes d’intégration du continent, qui souvent sont encore vivantes et actives de nos jours) et du point de vue territorial et institutionnel (penser les diverses Europes, de l’est à l’ouest, de l’Europe de l’électricité en passant par l’UEFA, de l’Europe des l’Eurovision, l’Euratom ... et l’Union européenne).

Ces études européennes "au large" doivent enfin, inévitablement, s’inscrire dans les différentes reformulations qu’ont connu les sciences humaines depuis une trentaine d’années, qu’il s’agisse de l’importance des empires dans l’histoire moderne et contemporaine ou des reformulations "globales" et transnationales de la sociologie, de l’anthropologie, de la géographie, de l’histoire, des études littéraires, du droit et de la philosophie. L’Europe du Centre interdisciplinaire d’études européennes n’est pas qu’en Europe et ne l’a jamais été...

Comment penser la place d’une « littérature européenne » dans le cadre de la littérature mondiale ? Comment penser l’Europe, en philosophe ? Une anthropologie européenne est-elle possible, et à quelles conditions ? Comment penser dans le temps l’intégration européenne, depuis l’apparition du terme dans les traités diplomatiques internationaux (Utrecht, 1713) jusqu’à l’invention de l’Union ? Quelle société européenne, et quelle sociologie de la société politique européenne ? Comment penser la place de la pluralité des langues dans l’Europe des États nationaux et de l’intégration européenne, et dans un monde dominé par le monolinguisme anglophone ? Comment penser le droit de l’Union, comment penser le droit et les droits dans l’Union, comment penser le droit et l’aventure européenne, depuis le droit des gens jusqu’au droit global ? Comment penser l’environnement dans le cadre spécifique du continent ?

Autant de questions dont nous pensons qu’elles sont cruciales pour penser l’Europe, et donc pour y vivre, mais aussi pour la façonner.
Car il s’agit aussi d’associer étroitement l’esprit de la recherche et la perspective de l’action publique dans les institutions européennes, en articulant nos programmes de recherche et nos parcours scientifiques aux parcours de formation orientés vers les concours de la fonction publique, pour contribuer à placer les questions européennes au coeur de la formation des futures administratrices et administrateurs, mais aussi pour contribuer à diversifier les formations qui mènent au recrutement dans les institutions européennes, à y promouvoir les études doctorales comme niveau de compétences et donc à réduire l’écart entre formation à la gouvernance et recherche fondamentale. Dans cette perspective, il s’agit aussi de faire enfin communiquer la culture de gouvernement installée en Europe avec le tournant transnational et global connu par les sciences humaines et les sciences sociales depuis une trentaine d’années.